"C’est toujours fort pour moi de jouer à Mayol": formé à Toulon, le Castrais Florent Vanverberghe se confie avant le barrage du RCT

Plus Varois, tu meurs ! Né à La Seyne en juillet 2000, c’est sous les couleurs du RCT que Florent Vanverberghe découvre le rugby à l’âge de 5 ans. Ensuite, le minot passe par toutes les catégories de la formation rouge et noire, jusqu’à porter le maillot de l’équipe une, en octobre 2018. Et à 24 ans, alors qu’il fait désormais partie des références du Top 14 au poste de deuxième ligne, "VVB" s’apprête (enfin) à réaliser un rêve de môme: jouer un match de phase finale à Mayol. Sauf que contrairement à ce qu’il imaginait bambin, ce n’est pas avec le maillot du RCT qu’il entrera sur la pelouse toulonnaise, mais bien avec celui de Castres. Un rendez-vous à part.
Vous avez validé votre qualification avec un seul point d’avance sur le 7e, La Rochelle. L’avez-vous vécu comme une étape ou un ouf de soulagement?
En début de saison, on s’était fixé deux objectifs: se qualifier en Coupe d’Europe, ce qu’on a fait, et finir dans les six en Top 14. Donc notre saison est déjà plutôt réussie. En revanche, n’imaginez pas que c’est une fin en soi. On est à trois matchs d’écrire une histoire, de vivre des émotions exceptionnelles, donc on veut aller le plus loin possible. On est conscient que ça va être très très dur à Toulon, et qu’on va tomber dans un environnement hors du commun, mais on veut jouer notre chance à fond.
Avez-vous craint que la qualification puisse vous échapper?
Pas réellement, car dès son arrivée à l’été dernier, Xavier [Sadourny, manager du CO] nous a apporté beaucoup de rigueur, de précision. Et on a constaté à plusieurs reprises que ce qu’on faisait sur le terrain pouvait avoir de la gueule. Puis on a passé les trois, quatre derniers mois dans le top 6. Donc cette qualification, on ne l’a pas volée. Alors tout n’a pas été parfait, évidemment, mais on a été constant dans l’effort. Peut-être que le seul moment où j’ai douté, c’est à la 60e minute de la dernière journée, quand j’ai regardé les scores sur les autres pelouses et que j’ai constaté que nous n’étions plus dans les six. Donc ça a duré vingt minutes, et finalement on est bien au rendez-vous (rires).
Toulon roule un peu moins bien ces dernières semaines. Est-ce de nature à vous rassurer?
Pas vraiment, car nous aussi, dans le contenu, on n’est pas au niveau souhaité. Non, le RCT est très dense, et a mérité de terminer derrière Toulouse et Bordeaux. C’est une équipe complète, qui a du talent à tous les postes et qui va nous proposer énormément de combat. On sait que ça va être rugueux, avec une chaleur étouffante. Ça va être difficile à gérer, mais on est prêt, excité.
Est-ce que la fin de saison de Montauban (6e de la phase régulière, qui a éliminé le 3e, le 2e et le 1er pour remporter le titre en Pro D2) est de nature à vous inspirer?
On aime faire ce parallèle, il fonctionne et peut nous donner des idées. Tout comme le PSG en Ligue des Champions. Ce sont deux équipes qui partaient de loin, et qui ont fini par remporter la compétition. Je crois que dans le sport, en général, rien n’est écrit. Ce qui fait la différence, c’est la solidarité entre les mecs. Cette capacité, quand c’est dur, que ça fait mal, à se sacrifier pour le copain. Est-ce que j’ai envie de faire un effort en plus pour ce mec qui est à côté de moi et que j’aime tant? Nous, à Castres, on n’a peut-être pas l’équipe la plus ronflante, ni celle qui a les plus grands noms, mais je sais que dans l’état d’esprit on sera toujours là.
Disputer un match de phase finale à Mayol, qu’est-ce que cela représente pour vous?
Ça risque d’être chargé en émotion, je m’y prépare. Je vais ressentir pas mal de choses, mais il faut que je fasse abstraction de l’environnement… Il y a suffisamment de pression avec le fait que ce soit un match éliminatoire pour m’en rajouter… Mais c’est toujours fort pour moi de jouer à Mayol.
Jeune, vous rêviez de jouer des matchs de phase finale sur cette pelouse avec Toulon. Vous allez le faire, mais sous un autre maillot. Est-ce un peu étrange?
Venir à Toulon, c’est toujours un match à part. Dire le contraire, ce serait mentir. La préparation est différente, la pression l’est également. J’ai rêvé de vivre des phases finales sous le maillot rouge et noir, mais ça ne s’est pas fait. Et aujourd’hui, je suis à Castres, je suis très heureux, j’aime cette équipe, ces joueurs, et c’est avec le CO que je veux gagner.
Est-ce que du monde devrait venir vous voir?
Un peu, puisque j’ai déjà réservé quinze places (rires).
Le 8 mai dernier, le Castres Olympique vivait un véritable drame, avec le décès de son ailier Josaia Raisuqe (30 ans), à la suite d’un accident de voiture. Une tragédie qui a évidemment bouleversé les Tarnais, qui continuent de pleurer chaque jour la perte de leur coéquipier, de leur ami.
« Comme vous pouvez l’imaginer, ça a été terriblement compliqué pour nous. On a vécu des semaines difficiles. Mais paradoxalement, cette période nous a permis de nous rapprocher de la communauté fidjienne, qui est extraordinaire. Les Fidjiens passent beaucoup de temps entre eux, et à la suite de ce drame, ils nous ont accueillis à bras ouverts. Et nous avons vécu des moments magiques avec eux », raconte Florent Vanverberghe, encore très marqué par la perte de son ami.
Et de reprendre : « Si on peut le dire ainsi, c’est le “cadeau” que nous a offert Josh, qui nous a permis de vivre des moments que nous n’aurions probablement jamais vécus sinon. Le groupe s’est donc rapproché encore davantage avec ce deuil. Et on continue de lui rendre hommage après chaque match. Josh est toujours avec nous, il nous aide, est encore là. »
Var-Matin